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Rosée – une source d’eau pure…

Pourquoi la rosée?

La rosée est une source d’eau pure, modeste, le plus souvent, mais qui peut s’avérer un apport indispensable dans les endroits où l’eau douce manque le plus : les déserts. Beaucoup de pays chauds souffrent de l’absence d’eau. Pourtant, son taux dans l’atmosphère y est parfois considérable.

L’homme a commencé très tôt à essayer de collecter la rosée pour s’alimenter en eau douce. Il s’est également aperçu que l’eau pouvait surgir d’une façon inexpliquée. Il existe plusieurs témoignages, voire de légendes, qui nous parle de rosée captée de façon artificielle.

Par exemple, dans la steppe de Tourane de l’ex – URSS se trouve un grand remblai artificiel en pierres concassées. Sur le sommet de ce remblai des constructions de culte scythe sont visibles. Plus bas, à 1,50 m, se trouvent deux sources d’eau très pure et froide d’où l’eau coule toujours d’une façon abondante. Ce qui est étonnant, c’est qu’autour de ce remblai ne se trouve aucune source naturelle. Ne serait–ce pas de la condensation?

On a également entendu parler des étangs de rosée d’Angleterre. Ces étangs artificiels ont été construits au Moyen Age. Le soir les gens les vidaient et le matin ils se trouvaient à nouveau remplis d’eau. Ces constructions étaient réalisées de manière très simple: dans les régions sèches, on creusait des bassins de quelques dizaines de mètres de coté en forme de coupe.

On couvrait le fond de cette coupe d’une couche de paille sèche et d’une couche d’argile. Puis on tassait et couvrait de pierres. L’étang était alors prêt à fonctionner et commençait à se remplir d’eau sans qu’il n’y ait eu de précipitations atmosphériques.

Dans les îles Canaries, les pieds de vigne sont plantés au centre d’une dépression conique dans la cendre volcanique et l’humidité nécessaire à leur croissance est attribuée à la rosée.

Ainsi donc, il semble que des condenseurs d’eau atmosphérique aient existé dans les temps anciens. Ils sont connus et inconnus en même temps: connus par le biais de multiples légendes, histoires, récits; inconnus, car, à l’heure actuelle, nous n’avons que peu de documents confirmant la véracité de ces faits.

Par contre, on peut affirmer l’existence de tels condenseurs au XXième siècle. Il a fallu un an et demi au Belge Achille Knapen, lauréat de la Société des ingénieurs de France, entre juillet 1930 et fin 1931, pour construire à Trans–en–Provence une tour massive qui abrite en son centre un « puits aérien », qu’on appelle là–bas un  » puits à l’envers « , haut de neuf mètres et d’une dizaine de mètres de diamètre.

La construction tombera en désuétude: loin de tenir ses promesses, les meilleures nuits le condenseur ne récolta que la valeur d’un seau.

L’idée lui était venue suite aux travaux du directeur de la Station de physique et de bioclimatologie agricoles de Monpellier, Léon Chaptal, lequel avait échafaudé en 1929 une pyramide haute de deux mètres et demi et large de trois mètres.

En 1930, le condenseur de Chaptal avait permis de récupérer une centaine de litres au cours des six mois les plus chauds, entre avril et septembre. Une valeur qui tomba d’un facteur deux l’année suivante, les conditions ayant été moins favorables.

Léon Chaptal, à son tour, avait été inspiré par les résultats encourageants de l’expérience audacieuse d’un ingénieur russe, Friedrich Zibold.

A Féodosia, en Crimée, durant l’été 1900, lors du nivellement de son district forestier, Zibold découvrit de grands tas coniques de pierres, de volume environ 600 m3.

Dans la plupart des cas, des restes de tuyaux en terre cuite entouraient ces tumuli. Zibold en fît la conclusion, qui s’avéra fausse par la suite, mais qui donna naissance à une construction étonnante, que ces tas de pierres étaient des condenseurs de rosée. Il décida que les tumuli trouvés servaient à alimenter en eau potable l’ancienne Féodosia.

Pour vérifier son hypothèse, F. Zibold construisit un condenseur fonctionnant sur des principes qu’il pensait identiques à ceux des anciens condenseurs.

Pour cette expérience, Zibold choisit un endroit sur le sommet Tépé–Oba, près de Féodosia, à 288 m d’altitude. Il bâtit un condenseur en pierres, en forme de coupe, de 1,15 m de profondeur et de 20 m de diamètre. La coupe est remplie de galets de 10 à 40 cm de diamètre, entassés en forme de cône tronqué de 6 m de hauteur et de 8 m de diamètre au sommet.

Le condenseur commença à fonctionner en 1912, et donna jusqu’à 360 litres d’eau par jour. Les expériences durent cesser en 1915 par suite de fuites dans le socle. Partiellement démonté, il a été totalement abandonné. Aujourd’hui il ne reste qu’une gigantesque coupe de 20 mètres de diamètre.

Nous le savons maintenant, le condenseur de rosée « idéal » se trouve à l’opposé des thèses du début du siècle se fondant sur des constructions de grande masse. Il doit être léger pour se refroidir rapidement la nuit. Il est en fait analogue à l’herbe des prés qui, recouverte de rosée, constitue une importante source d’eau pour nombre d’être vivants, qu’ils soient petits (insectes) ou grands (moutons en Ecosse, chevaux en Namibie).

Même dans le désert, certaines plantes se nourrissent d’eau par les feuilles grâce à ce mécanisme.

Condenseur de Zibold (1912)
à Féodosia (Ukraine)– maquette

Condenseur de Knapen (1932)
à Trans–en–Provence (France)

Condenseur expérimental de Vignola (Corse–France) – 2000
Perles de rosée